Sont-elles encore d’actualité ? Elles doivent vivre pour exister. Honnêtement, je pense que le fondement de nos institutions est toujours d’actualité mais elles doivent évoluer et vivre comme le reste du monde.
Les institutions et les lois qui en découlent se sont souvent laissé engluer dans un amalgame d’argent et de social.
Les lois d’après-guerre ont besoin d’un bon toilettage ; une fois en 60 ans, ce n’est tout de même pas excessif !
Les conditions de vie, la vitesse, la communication, l’énergie, ont modifié les règles par nécessité. En matière économique, la productivité a été multipliée par 10.
Mais le pouvoir d’achat a bien du mal à suivre. Et quelle en est la cause ? La France est truffée de monopoles financiers et spéculatifs. Le capital a souvent pris le dessus sur le social et le social n’a pas progressé aussi vite.
Quand je dis que la France est truffée de monopoles, pour ma part j’en ai brisé trois auxquels personne n’avait réussi à mettre fin. On peut donc le faire ! Et, à chaque fois, ces monopoles que j’ai cassés, mettaient l’Etat en cause. Il a fallu se battre contre l’Etat. Que ce soit dans les pompes funèbres, que ce soit dans la distribution des carburants, que ce soit dans la distribution automobile, je ne me suis jamais attaqué aux petits, je leur ai simplement permis de vivre dans ces secteurs-là.
Il y a aujourd’hui en France plus de pauvres qu’il n’y en avait après la guerre. Où est donc passé l’argent du travail ? On a mis en place des systèmes sociaux qui trop souvent encouragent à ne rien faire. Trop de gens en profitent pour si peu qui travaillent.
Le pouvoir a dérivé : d’un pouvoir sacerdotal on est passé à un pouvoir capitalistique. L’homme a perdu sa raison d’être en la seule faveur de l’argent. Aujourd’hui, le pouvoir s’achète et la démocratie s’appauvrit sur tous les fronts.
Est-il possible de redresser la barre sans une nouvelle guerre ? La dette nous y conduit tout droit.
Aujourd’hui on dirige par orgueil et non dans l’intérêt général du peuple. Certes, il ne faut pas tout généraliser, mais ce sont toujours les minorités qui sont dangereuses ; toutefois ce sont aussi ces minorités qui font avancer la démocratie.
Alors, faut-il changer nos institutions ? Je ne le crois pas. Ce sont les lois qui en ont découlé qui ont progressivement creusé un fossé. Aujourd’hui, être député ou sénateur n’est plus un sacerdoce comme cela était il y a 60 ans. L’argent du peuple et spécialement celui du travail est englouti sans que le travailleur ait droit à la parole.
Oh ! Bien sûr il y a des élections, mais aujourd’hui combien y participe ? On dépense des sommes folles à des campagnes électorales. Ce n’est plus l’homme qui est élu, ce n’est plus que le décor. On influe la décision, non pas par ses programmes et par sa grandeur, mais simplement par un décor.
Quand je parle de toilettage des institutions et des lois, est-ce trop demander de les réactualiser en raison de la modernité, de la mondialisation ? Une fois tous les 50 ou 60 ans, ce n’est vraiment pas excessif !
Le travail a perdu sa valeur originelle. On l’a plombé. Mais est-ce le rôle du travailleur d’être une assistante sociale ? N’est-ce pas plutôt le rôle de l’Etat afin de libérer la productivité ?
Aujourd’hui, dans le monde politique, la devise est devenue : « se servir et non servir ». C’est cela, Monsieur le Président de la République, qu’il faut remettre en place. Il ne s’agit pas d’un nombre de députés ou de sénateurs, il s’agit de redonner à la fonction une autre dimension, celle de l’intérêt général, c’est-à-dire au service de son pays, au service du peuple. Et toiletter nos institutions et nos lois : c’est maintenant, d’autant plus que ce toilettage ne dépend que de vous, Monsieur le Président.