Nous avions eu l’occasion d’évoquer la question de l’homélie. Voici un modèle que nous avons intitulé « A mon père » ou « A papa ».
Exemple d’homélie pour un père
« Mon Papa, mon père, le patriarche.
Tu naquis en Franche-Comté, à Besançon, d’un père suisse horloger et d’une mère française, tous deux protestants.
Tu fais des études brillantes : agrégé en 1913, licencié en Allemand, que tu parlais couramment.
La guerre éclate en 1914 et te voilà Officier, où tu recevras la Croix de Guerre ainsi que la décoration d’Officier de la Légion d’Honneur à titre militaire.
Tu iras au front et tu seras gravement blessé. A ton retour d’hôpital, tu seras affecté au 2e Bureau.
En 1917, tu fus chargé de l’achat des chevaux pour l’armée, en Bretagne. C’est donc tout à fait naturellement que tu arriveras à LANDERNEAU où se tenait le principal marché de chevaux du Finistère.
Pendant ton séjour, tu t’installeras à l’Hôtel de Bretagne où tu rencontreras celle qui deviendra ta femme en 1919, cette femme pour laquelle les médecins te prévenaient qu’elle n’aurait pas d’enfant.
Elle accoucha de 15 enfants et c’est le même médecin qui participa à ces accouchements.
A la fin de la guerre, tu dirigeras avec maman l’Hôtel de Bretagne et le Restaurant de la Gare.
Au 6e enfant, tu décides de quitter l’hôtellerie et tu t’installes dans une grande maison que tu fais construire au village de la Fontaine Blanche.
C’est là que tu rentres en politique au côté du Colonel de la Rocque jusqu’en 1939 où tu tires un trait sur la politique.
Tu ne feras pas la guerre de 39-45 en raison de tes 15 enfants qu’il fallait faire vivre. Ce sont d’ailleurs deux de tes enfants que l’on retrouvera dans les camps de Buchenwald, en déportation.
Bref, tu fus un père exceptionnel, un peu, voire beaucoup autoritaire, mais nous t’adorions pour ton savoir, ta mémoire extraordinaire. Et tu nous as appris davantage que l’école.
Tu étais un travailleur acharné toi le professeur agrégé, tu deviens agriculteur, puis horticulteur.
Tu aimeras la nature. Tu nous y conduisais d’ailleurs très souvent, dans ces endroits merveilleux, mais toujours à pied car il n’y avait pas de voiture à la maison, et encore moins de chauffeur car tu te refusais à passer le permis.
Tu étais le patriarche qui aurait bien voulu devenir Maire de LANDERNEAU ; mais tu peux être fier aujourd’hui car c’est un de tes petits-fils qui l’est.
Papa, tu étais protestant avec toute la rigueur, la rigidité de cette religion, mais tu t’es converti au catholicisme afin de te marier avec ma mère.
Toi qui avait tant appris et tant lu, qui récitait les fables de la Fontaine par cœur ainsi que les pièces de théâtre de Racine, tu nous disais : « rappelle-toi, mon fils, que le papier se laisse écrire ».
Tout ceci était ton personnage.
C’est pourquoi je termine cette homélie en te disant que lorsqu’on a tant appris, on peut peut-être dire que l’important est surtout de faire ce que l’on a écrit.
À bientôt, Papa. »
Ce père s’appelait Eugène Leclerc.