Michel Leclerc : “C’est une petite fille de 10 ans qui m’a permis de mettre fin à l’odieux monopole funéraire de la Ville de Paris, dans le domaine des pompes funèbres, il y a maintenant de cela 30 ans.”
Un monopole funéraire est toujours organisé au dépend des familles
“C’était un après-midi, à 14 heures, dans une petite rue du quartier du Sentier de Paris. Une famille plus que modeste habitait sous les combles au 7e étage. Les parents avaient osé venir me demander d’enterrer leur petite fille.
À l’époque, la Ville de Paris régnait en souveraine sur ce secteur d’activité. C’était une famille digne, peu argentée, mais travailleuse, qui faisait vivre ses 6 enfants dans un trois pièces.
Ce jour-là, je me présentais au 17 de la rue ; avec le personnel compétent pour descendre le cercueil de 7 étages sans ascenseur.
Dans la rue se trouvait un corbillard de la Ville de Paris et un corbillard d’une autre entreprise bien connue ; on aurait pu se demander ce qu’ils venaient faire là. Je ne tardais pas à le savoir. Sur le palier de la porte d’entrée, un huissier m’attendait me faisant connaître que je ne pourrais pas effectuer les funérailles. Il avait ordre d’empêcher le déroulement normal des obsèques.
Après une longue discussion avec cet huissier très humain mais qui faisait son travail, ce dernier établit un constat faisant part des conséquences et qu’il ne pouvait en aucun cas intervenir physiquement.
Nous montions les 7 étages. Après une mise en bière rapide, nous descendions avec la famille et, à la sortie de l’immeuble, un membre éminent de la Mairie de Paris me faisait part que le petit cercueil devait être mis dans le corbillard de la Ville de Paris. Il va de soi que je m’y opposai. Il s’adressa alors au Commandant de CRS appelé en renfort, je suppose, qui, contre toute attente, refusait l’ordre qui lui était donné.
À cette minute même, le monopole de la Ville de Paris était terminé grâce au courage d’une famille en deuil qui avait osé défendre la liberté.
Je n’ose pas vous dire ce qu’il s’est passé par la suite, tant à l’église qu’à l’entrée au cimetière. Le combat continua encore.
« Ô Marie, si tu savais, tout le mal que l’on m’a fait »…”
Des entreprises cherchent toujours à reconstituer le monopole
Les événements du passé ne se reproduisent pas. C’est vrai. La volonté de certaines entreprises funéraires spéculatrices pourtant est coriace. Une volonté de tenir le marché funéraire dans leur main pour le presser. C’est pourquoi les valeurs défendues par nos entreprises indépendantes est si important.